Libellés

mercredi 3 juin 2015

Réalisation d'une gourde en cuir

Il y a quelques semaines j'ai pu prendre le temps de réaliser pour ma propre personne une petite gourde en cuir.
Enfin petite, d'un point de vue taille elle est petite, sa contenance par contre est assez convenable au final, une fois le cuir bien travaillé.
En effet malgré sa petitesse, il est possible d'y loger pas moins (enfin pas plus surtout sinon tout déborde partout et cela n'est pas super...) 0.5L d'eau, ou 1/2L (pour les matheux), ou 500000µL pour ceux qui aiment les gros chiffres :D !

Je vais vous présenter ici le résultat final:
Gourde en cuir cousue main, cire d'abeille pour l'étanchéitée, bouchon en liège taillé main.
Gourde en Cuir
Voilà!

Comme vous pouvez le constater, la gourde n'est pas "parfaitement" ouvragée, ni uniformément répartie.
Cela est volontaire, j'ai souhaité réaliser un objet donnant une impression de vivant, de réalisation ancienne. Afin de donner un aspect plus uniforme il aurait été nécessaire d'utiliser des cintres (non, pas ceux servant à accrocher vos vêtements) pour maintenir dans une position rigide l’œuvre durant le travail final du cuir.

Je vais maintenant vous détailler quelques étapes de la réalisation de cet ouvrage atypique en ces temps d'inoxydables et plastiques alimentaires en contenant de nos boissons:

Première étape réaliser un patron.
Pour la seconde fois je réalise un patron en premier sur un papier (l'autre fois aura été un porte-couteau que je présenterai dans un prochain article), cela me permettra de réutiliser ce dernier, voir de l'ajuster en fonction du souhait futur et plus important de m'assurer d'une certaine symétrie dans  l'objet alors découpé.

Mes talents de dessinateur ne cherchant pas à être prouvés voici pour vous le patron, dont la symétrie a été réalisée par l'usage de la technique ancestralement secrète du "je plie ma feuille en deux", oups!
Vous aurais-je avoué cet inavouable secret? :

Patron pour gourde en cuir fait maison
Patron de couture empirique


Oui cela pourrait être moins empirique comme schéma, mais bon, je ne visais pas une contenance
particulière, juste un petit objet bien sympa et pratique (de plus une fois la peau tendue -nous verrons cela plus bas- il est presque aisé d'ajuster la taille finale du contenant).

On recopie ensuite bien proprement le patron sur la peau à découper...
Puis on commence la découpe à proprement parler!
Début de découpe de la gourde dans le cuir


On ajuste en superposant les deux côtés, afin d'avoir une symétrie plus ou moins parfaite pour réaliser une couture et jonction efficace.
Forme de base de la gourde coupée
Découpe terminée, cela commence à prendre forme!

J'ai fait le choix, plus artistique qu'autre chose de réaliser la gourde en double couture parallèle. Le fil est en un seul et unique morceau pour les deux "traits" de couture. Aucun nœud, si ce n'est les départs et arrivées du fil. Qui en plus finissent par se rejoindre et être attachés ensemble (si ce n'est pas mignon ça...)
Pieces des bases de la future gourde, les chemins ont été rainurés et poinconnés afin de permettre le passage ultérieur du fil.
Découpe, rainurage, poinçonnage ::)

Détails du poinçonage et rainurage sur une peau de cuir
Début de la couture de la gourde en cuir, le fil fait ici le 1er tour
Détails des coutures réalisées à la main avec le point sellier. On remarque la double rangée de fil.
Détails des coutures réalisées à la main avec le point sellier. On remarque la double rangée de fil.

Détails des coutures réalisées à la main avec le point sellier. On remarque la double rangée de fil.
Tout cela semble solide, qu'en sera-t-il en pratique?

Viennent ensuite les étapes les plus inquiétantes, les plus flippantes, les plus dangereuses, bref: le moment ou l'on va commencer à façonner le cuir, à le mettre en forme.

Tout d'abord il faut remplir un grand récipient d'eau. Puis il faut sadiquement noyer la future gourde et la maintenir immergée jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bulles d'air qui remontent à la surface (ou dans mon cas jusqu'à ce que la peau ne tente plus de remonter  la surface d'elle-même.). Étant donné que le processus peut prendre un petit peu de temps, j'ai attaché un boulet au pied de la gourde afin de la maintenir sous l'eau.
Bon d'accord j'ai simplement mis un bol lourd en semi-suspension dessus, afin de l'empêcher de remonter sans pour autant appuyer ou écraser l'objet, avouez que c'est plus malin mais bien moins fun!

plongée et maintient sous l'eau de la gourde en cuir (pour permettre le travail du cuir)
Immersion de la gourde


Une fois notre peau bien trempée, enfin celle de la gourde toujours hein! Il faut trouver un moyen de maintenir la gourde en place et en forme sans utiliser ses mains.
Là, soit vous êtes magicien/nne/s et avez une solution miracle: je suis preneur, la lévitation ne fonctionnant pas sur ma gourde :(; soit vous utilisez un patron en bois de la forme de la gourde, si possible suivant les coutures et maintenez le tout serré et "droit" (comprendre à la verticale), soit vous faites comme moi, pour donner un aspect plus rustique à votre gourde et vous ne l'attrapez que par certains endroits stratégiques et la maintenez droite ainsi, tout en n'oubliant pas que sa forme ne sera certainement pas uni...forme ni symétrique (encore que cela peut se travailler.).

Une fois tout cela en place, place au fun! Vous vous souvenez, enfants avoir fait des châteaux dans le sable? Moi non, ou alors rien ne tenait plus debout qu'un amas de sable en "colline"!
Bon et bien là il nous faut aussi du sable, un entonnoir, un truc solide et efficace pour tasser le sable (non un couteau ne convient pas, non un pic à cheveux non plus, non des baguettes asiatiques (pour le repas) non plus.

Comment cela on sent une certaine expertise sur le sujet? Mais pas du tout cher lecteur! Que nenni!!
Bon ce qui a bien fonctionné selon moi c'est le tuteur en plastique/métal utilisé pour la plupart de mes plantes. C'est certes un peu long mais bigrement efficace, et il permet un gain de temps considérable sur le travail au final. (le diamètre un peu large de l'objet permet bien de tasser des grandes surfaces d'un coup c'est plutôt pratique.

Bon nous avons notre gourde trempée (penser à la réhumidifier en surface au fur et a mesure du remplissage de sable aussi, cela est important pour favoriser la mise en forme et sa durée de vie future).

Le cuir encore humide, voir trempé de préférence, on commence à donner la forme voulue en définitive grâce à du sable
Nous la remplissons alors de sable et tassons au fur et à mesure que le sable entre. On voit qu'une forme commence à se dessiner, là il ne faut pas hésiter à tasser en appuyant sur les parois, en les "poussant" petit à petit. Le sable va ainsi s'y loger et permettre de par sa compacité et poids de garder la forme ainsi voulue.

Une fois la gourde bien remplie à craquer de sable deux options: soit on la ferme avec le bouchon de liège, ainsi le cuir en séchant va se resserrer dessus, on aura -je pense en tout cas- un goulot plus précis, soit on remplit vraiment à ras bord de sable.
Vous vous en doutez (et voyez certainement sur la photo) j'ai choisi la première option:
La mise en forme est maintenant terminée, on commence l'étape de la patience: séchage de la gourde dans sa forme.
Séchage en cours, forme en place

Bon maintenant soit vous attrapez un bon bouquin, soit vous partez pendant ~2jours. Blague à part, le séchage peut être long en fonction de la quantité de sable compacté dans la gourde. Chez moi deux jours et nuits ont bien été nécessaires.

Le second soir cependant (oui en réalité j'ai tassé le tout une nuit et pas une journée), j'ai pu enlever le sable, souffler et souffler de toutes mes forces, afin de ne plus laisser le moindre grain logé entre les coutures intérieures (il était un peu tard pour utiliser le compresseur d'air surtout! Mais je vous recommande son usage, cela vous évitera d'être essoufflé en regardant votre gourde.).

Et là, c'est le moment de l'étape la plus complexe pour moi, la plus dangereuse aussi, car -et je ne rigole pas ici- une bourde peut facilement tâcher le cuir et cela sera difficile à masquer, éliminer, que dis-je annuler.
Il s'agit de l'imperméabilisation du cuir.
Pour ce faire j'ai utilisé un pain de cire d'abeille pure, et de l'huile de pépin de raisin. Le tout chauffé au bain marie, puis refroidi, pour vérifier que la pâte redevient bien solide et qu'il n'y a ainsi pas trop d'huile par rapport à la cire, puis réchauffée, parce que quand même c'est liquide qu'il nous la faut.
Et là vous aurez deviné, ou pas, mais il faut verser ce liquide dans la gourde, et bien tapisser les intérieurs avec. Puis vite récupérer l'excédent de cire et réitérer l'opération plusieurs fois afin de couvrir toutes les parois intérieures et bien réaliser une étanchéité des coutures.
Pâte de cire d'abeille bio et d'huile de pépin de raisins
Cire d'abeille et huile de pépin de raisin
Pâte de cire d'abeille bio et d'huile de pépin de raisins
Pâte de cire d'abeille bio et d'huile de pépin de raisins
Pâte de cire d'abeille bio et d'huile de pépin de raisins
La pâte froide (solide)
Pâte de cire d'abeille bio et d'huile de pépin de raisins
La pâte chaude (liquide)

Je ne vous le cache pas, je ne pense pas du tout maîtriser cette étape, bien que j'ai fini par réussir mon œuvre. J'ai récupéré plusieurs fois des morceaux de cire qui avaient séché en trop dans la gourde, refondu, ré-appliqué sur une autre surface etc...
Bref j'ai bien eu du mal sur cette partie là.

Pour finir j'ai appliqué encore de la cire chaude sur l'extérieur aussi, pour donner un aspect... différent, ancien. Et surtout appliquer sur les coutures et sur le goulot afin de bien protéger ce dernier.
La gourde en cuir, enfin terminée, étanchéifiée et mise en forme
Enfin finie, la belle gourde!

Puis étape du rinçage ou l'on remplit et vide plein de fois la gourde avec de l'eau "fraîche" (à température ambiante en fait). Au début plein de résidus de cire tombent avec l'eau, cette dernière est un peu trouble (à cause de l'excédent d'huile qui suinte encore sur la cire). J'ai donc récupéré toute la cire, mis l'eau à  reposer afin de la récupérer pour les plantes plus tard.
Au bout de quelques étapes répétitives dans le genre on commence à constater une eau propre et claire... Bref de l'eau!
Le test de la gourde en cuir permet de confirmer son étanchéité ainsi que la propreté de l'eau en sortant.
Petit test de propreté de l'eau
&
Étanchéité de la gourde

Ensuite, laisser sécher la gourde pendant le temps qu'il vous plaira, bouchon enlevé, afin d'éviter les premières moisissures potentielles et odeurs étranges. Je ne suis pas sûr de cette étape mais l'ai réalisée comme je le fais pour mes bouteilles en plastiques et verre.

Voilà, merci d'avoir lu jusqu'au bout, je crois que l'article était un peu long.

Qu'en pensez-vous?
Oseriez-vous boire dans cette gourde réalisée par vos propres mains et dont tous les ingrédients sont d'origine naturelle et comestible? (parce que bon au pire vous mangerez un peu de cire d'abeille... rien de vraiment méchant!)

2 commentaires:

  1. Bonjour Jeremy , Félicitation pour ton travail et ta patience.Avec la chaleur tu ne risque pas de te déshydrater avec ta gourde , Elle est mignonne !Continue à faire bon usage des instruments si tu veux autre chose ,tu connais l'adresse. Salutation de Dame Marie de Trencavel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dame Marie, merci bien pour ce commentaire.
      En ce moment c'est (apprentissage d')incrustations de pierres sur des pièces de cuir d'ailleurs.
      Merci pour la proposition je garde cela en tête, et continuerai de faire le meilleur usage possible de tout ce qui m'a été donné.

      Supprimer